L’affaire Toyota défraie la chronique dans le petit monde de la WRC
Les Toyota Yaris roulent avec un aileron non conforme depuis deux ans et demi.
- Publié le 08-08-2019 à 16h03
- Mis à jour le 08-08-2019 à 16h04
Les Toyota Yaris roulent avec un aileron non conforme depuis deux ans et demi.Depuis hier, tout le monde dans le milieu du WRC ne parle plus que de cela. C’est devenu la nouvelle "affaire Toyota". Sauf qu’ici, contrairement à 1995 où l’ensemble du Toyota Team Europe avait été déclassé pour toute la saison suite à une grosse tricherie au niveau de la bride des turbos, il n’y a pas eu d’entourloupe ou de triche, juste une interprétation différente du règlement validée avant le Monte-Carlo 2017 par la FIA, qui a approuvé la fiche d’homologation de la Yaris.
Ce qui est le plus étrange dans cette histoire, c’est que cela fait donc deux ans et demi que les Toyota roulent non conformes au niveau de leur aileron arrière, qui nous avait paru d’emblée surdimensionné. "C’est dingue que cette histoire n’ait pas éclaté plus tôt car 3 cm, cela se voit à l’œil nu", s’exclame l’ingénieur belge de chez DG Sport Lionel Hansen. "Et les ailerons arrière, c’est clairement la première chose que l’on contrôle, quasi systématiquement à tous les rallyes."
L’explication est pourtant toute simple : à chaque fois, les responsables de Toyota ont présenté leur fiche d’homologation et montré que les dimensions de leur aileron y correspondaient. L’erreur vient donc du responsable FIA ayant validé cette fiche.
Et il aura fallu attendre qu’un autre constructeur (Citroën en l’occurence) veuille modifier son aileron et copier celui de Toyota pour que la Fédération internationale de l’automobile se rende compte du problème.
Depuis des mois, on entend les adversaires de Toyota répéter que la Yaris est la meilleure WRC actuelle, notamment parce qu’elle génère plus d’appui.
La question est donc toute simple : cet avantage peut-il venir uniquement de cet aileron hors dimension et qui devra être remis en conformité avec le règlement (avec une nouvelle fiche d’homologation) dès le prochain Rallye de Turquie ?
"Soyons clairs : un aileron plus grand et positionné plus en arrière génère logiquement plus d’appui et moins de traînée", confie l’ingénieur belge de chez R-Tec Fabio Lazzerini. "Il travaille plus de cette manière. Au bout d’un rallye de 350 km, cela peut peut-être faire une différence de 10 secondes, mais pas plus. Pour moi, contrairement à la piste, en rallye c’est encore le pilote qui fait la plus grande différence. Il doit être en confiance, en osmose totale avec son auto. Je suis d’avis qu’avoir participé au Rallye d’Estonie deux semaines avant a avantagé les Tanak, Lappi, Breen et Mikkelsen, précisément les pilotes qui se sont montrés rapides en Finlande. Le rythme est important. Regardez Freddy à Ypres. Malgré toute son expérience et son palmarès, il ne pouvait pas suivre le tempo de ceux qui roulent tous les quinze jours."
Ancien ingénieur chez Renault Sport travaillant aujourd’hui en rallye avec les Polo DG Sport, Lionel Hansen pense aussi qu’un aileron plus grand et plus en arrière peut aider. Il nuance toutefois : "Cela influence, c’est clair, mais l’aéro ne se limite pas à l’aileron arrière, c’est un ensemble. On voit en F1 que des millimètres peuvent avoir une influence, alors 3 cm, fatalement, oui. Mais on est ici en rallye et je ne crois pas trop que cela puisse faire des dixièmes de différence. Si la Yaris va plus vite que les autres, en lignes droites par exemple, c’est à 90 % dû au fait qu’elle a un meilleur moteur. Maintenant, on verra bien en Turquie et sur les rallyes suivants si les Toy perdent subitement de leur superbe."